« Donna, Donna, Donna », une berceuse yiddish

Dans l’éternel débat sur l’antisémitisme qui prend un tour renouvelé dans l’actualité en France, Delphine Horvilleur raconte dans son petit traité de survie*, " Comment ça va pas ? ", une conversation avec sa grand-mère. Elle lui demande : « D’où te vient cette force de hurler si fort dans ma tête ? ».

 

 

Par Stéphane Griffiths, Église protestante unie de Poitiers

 

Alors la grand-mère évoque cette berceuse qu’elle lui chantait quand elle était petite et lui dit qu’il y avait déjà tout dedans.

 

Donna Donna Donna lui chante sa grand-mère en yiddish. C’est une fable. Un petit veau dans une carriole est emmené à l’abattoir. Une hirondelle vole au dessus et le nargue. À ses cris, le paysan répond au veau, tu n’avais qu’à pas naître veau ! Il fallait naître oiseau !

 

L’auteur demande à sa grand-mère pourquoi n’y-a-t-il personne pour arrêter la carriole ?

 

« Il y a quelqu’un qui peut sauver le petit veau, c’est Donna donna donna. C’est un faux nom, une fausse piste, comme un message codé pour parler de quelqu’un d’autre ».

 

Alors la grand-mère chante : 

 

Adonaï adonaï adonnaï,

Adonaï adonaï do

Adonaï adonaï adonaï,

Adonaï adonaï do.

 

La berceuse raconte que le paysan et l’hirondelle ne feront rien pour le veau. Dieu pourrait le sauver. Et la grand-mère dit : « Mais si Dieu intervenait dans l’histoire cela se saurait, non ? ».

On a envie de lui dire : « Mais Il a envoyé son fils… ».

 

* Lire la recension du livre.

 

Écouter Donna, Donna, Donna, l’adaptation française de Stéphane Griffiths à partir de la traduction du Yiddish de Dephine Horvilleur.

 

Donna, Donna, Donna

Un veau ligoté / dans une carriole

Ballotté comme une poupée

Au ciel l’hirondelle vole et cabriole

Emportée par le vent léger

 

Le vent rit, berçant les blés

De tout son cœur il rit

Du lever jusqu’au coucher

Et la moitié de la nuit

Donna donna donna donna

Donna donna donna do

Donna donna donna donna

Donna donna donna do

 

Aux prières du veau, répond le fermier

Tu n’avais qu’à pas naître veau

Il fallait choisir comme l’hirondelle

Et voler dans le ciel là haut

Le vent rit, berçant les blés

De tout son cœur il rit

Du lever jusqu’au coucher

Et la moitié de la nuit

Donna donna donna donna

Donne donna donna do

Donna donna donna donna

Donne donna donna do

 

Les veaux destinés aux coups du boucher

Ne voient jamais la liberté

Les oiseaux du ciel par l’air emportés

Volent dans le vent de l’été

 

Le vent rit, berçant les blés

De tout son cœur il rit

Du lever jusqu’au coucher

Et la moitié de la nuit….

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