Les tableaux sur la crucifixion commentés

Le Vendredi saint, l’Église protestante unie de Touraine a vécu une célébration tournée vers l’art avec le pasteur Jacques Hostetter.

 

Par Marie-Anne Chenerie, Église réformée de Touraine

 

Dans la pénombre qui envahit petit à petit le temple de Tours, ce soir de Vendredi saint, seuls ressortent les taches rouges du bouquet posé sur la table de communion et les éclats pourpres des tableaux de la Crucifixion, sur le corps du Christ ou les vêtements des soldats.

 

Pour accompagner les lectures de ce jour (les neuf premiers versets d’Isaïe 53 et le récit de la Passion par Luc), le pasteur Jacques Hostetter, invité par l’association culturelle protestante de l’Église réformée de Touraine, a choisi plusieurs tableaux ou gravures de la Crucifixion : les écoles flamandes ou allemandes (Rembrandt ou Rubens, qui insiste sur l’apparence corporelle du Christ, alors que Rembrandt en souligne la souffrance et l’abandon) ), les écoles italiennes, Le Greco ou Picasso également. Jacques Hostetter les a commentés lors de la prédication et ces scènes ont confirmé la portée des écrits (tableau 1).

 

L’immense solitude de Jésus

 

Des messages communs et forts dans ces tableaux : la pesanteur de la croix entre autres, qui ploie sous le poids du Crucifié et que plusieurs hommes s’acharnent à soulever : car Jésus porte le poids de tous les péchés du monde, nous sommes tous coupables et tous sauvés. Ou encore l’immense solitude de Jésus, en particulier dans ce magnifique tableau de Rembrandt, sobre, à la fois sombre et clair : les ténèbres avancent, à l’heure la plus lumineuse de la journée, mais le ciel est vide et le soleil s’éclipse (tableau 2).

 

Les œuvres italiennes sont assez différentes : le Christ est représenté crucifié mais vainqueur, les saints sont présents au pied de la Croix, les reliques sont recueillies.

 

Une place particulière est donnée au retable d’Issenheim par Grünewald, peintre qui est passé à la religion réformée à la fin de sa vie. Les détails réalistes, comme les bubons de la maladie des Ardents, ou les mains torturées, sont presque insoutenables. Mais, de façon encore plus étonnante, le peintre dévoile des indices autour de la Vierge : il montre toute son humanité corporelle, parfois triviale, et ajoute le détail de la brèche dans le mur du « Jardin de la Vierge », trouée où fleurit une rose, sceau de Luther, une église au loin (tableau.3).

 

Un moment rare pour un culte exceptionnel : les images et les paroles resteront.

 

Tableau 1 : L’élévation de la croix, par Peter Paul Rubens © Domaine public – Wikimedia Commons

Tableau 2 : La Crucifixion, par Rembrandt © Domaine public – Wikimedia Commons

Tableau 3 : Retable d’Issenheim- Naissance de Jésus, détail, par Matthias Grünewald © Domaine public – Wikimedia Commons

 

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