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Par France Halunka-Martinez
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Quatre axes se dégagent des registres des Conseils presbytéraux : les finances, le suivi de la gestion des bâtiments, les enfants et enfin les problèmes de relations entre paroissiens. Une constatation : aujourd’hui on est beaucoup moins regardant sur la réalité (affichée) de la foi des paroissiens.
Devenir protestant
En 1868, une bénédiction de mariage œcuménique est refusée car le prêtre obligeait le couple à baptiser les futurs enfants dans le catholicisme. Et si la personne de confession romaine veut intégrer notre communauté, celle-ci doit répondre à un interrogatoire sur « la nature des principes religieux », et aller à tous les cultes. Pareillement, les baptêmes lors des jours de fêtes ne se font plus. Ces enfants baptisés ne seront réellement considérés comme protestants que lorsqu’ils seront catéchisés.
Pour un adulte, en 1825, les anciens sont appelés à donner leurs voix. Le consistoire attend des preuves suffisantes de son attachement à notre Église pour qu’il puisse être reçu à la Sainte Communion. Lorsque ces preuves sont atteintes, la personne reçoit un courrier d’approbation.
Mais plus tard, en 1832, les mœurs s’adoucissent, et le pasteur de ce temps nous livre, en parlant d’un futur protestant, qu’il lui a fait sentir que « son introduction dans l’Église lui imposait de grands devoirs à l’effet de faire glorifier par sa conduite le Saint Nom du Dieu de l’Évangile qu’il avait choisi pour son maître et son sauveur. » Le pasteur a dû inviter ce nouveau paroissien à « s’observer dans ses intentions sur les ecclésiastiques du culte catholique et ne pas oublier qu’il doit joindre à la foi le zèle, et au zèle la charité. » Suite à cela, cette personne a écrit : « Je soussigné déclare adhérer aux principes de l’Église chrétienne évangélique de la commune de Bourges, et promets de remplir avec le secours de Dieu les devoirs des membres de cette Église pendant le reste de ma vie. »
Améliorer le chant sacré
Encore une petite citation qui peut faire sourire : « Quelques chaises tombent en morceaux, et on a peur que des personnes tombent, elles seront remplacées dès que possible. »
On retrouvea également les demandes d’aide et toujours des problèmes de comparaison confessionnelle. « Le Conseil presbytéral met en doute l’équitable sollicitude de l’autorité municipale pour les intérêts religieux de ses administrés appartenant à l’Église réformée. Car certaines parties menacent ruine et la porte est délabrée. Pour obtenir une aide financière, la municipalité demande aux protestants beaucoup de démarches, ce qui n’est pas le cas chez les catholiques. »
Nous pensons aussi à nos oreilles en achetant un harmonium en 1869 (celui qui est à La Chaume, au chaud vers la cheminée), et cet achat a pour argument de « servir à améliorer le chant sacré ». Entendons que l’assemblée ne chante pas vraiment juste.
Nous n’oublions pas non plus nos soldats pendant les guerres : en plus de recueillir les étrangers, en 1940 par un hiver très froid, les enfants ont donné leurs cadeaux (articles d’alimentation, lainages chauds…) aux soldats protestants sur le front afin que leurs « aînés en danger puissent recevoir un peu de douceur et de chaleur de Noël ».
Voici une dernière citation d’un pasteur qui semble importante lorsque nous sommes découragés de ne pas voir de nouvelles personnes : « Il est dit qu’il vaut mieux peu de fidèles (petit nombre d’adorateurs) pourvu qu’ils soient sincères, plutôt que d’être chrétien de nom par le baptême. »
→ Lire le 1er article : La vie de l’Église au XIXe siècle