La maison natale de Pierre et Marie Durand

Une fois n’est pas coutume, la série « Une idée de promenade » nous emmène, en cette fin de vacances estivales, en région Centre-Alpes-Rhône à la rencontre de la famille Durand, victime de la répression contre les protestants aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Une idée de promenade

La maison de Pierre et Marie Durand vue de la rue © Élisabeth Renaud

Par Élisabeth Renaud, rédactrice en chef du Protestant de l’Ouest

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L’entrée du musée © Élisabeth Renaud

On ne vient pas par hasard au Bouschet de Pranles, petit hameau où se situe la maison natale de Pierre et Marie Durand. À une quinzaine de kilomètres de Privas, préfecture de l’Ardèche, la route qui y conduit est étroite et sinueuse. Le klaxon est de rigueur.

 

Arrivé au hameau, une allée, bordée de châtaigniers, conduit à la maison des Durand. Après le décès de Marie, cette maison forte du XVe siècle, classée monument historique en 1969, a connu plusieurs propriétaires. Elle a été léguée en 1931 à la Société d’histoire du protestantisme français pour en faire un musée, le musée du Vivarais protestant.

 

Avant de m’y rendre, j’étais persuadée que Marie Durand était connue des protestants certainement, mais aussi de tout un chacun. Or, en discutant avec une amie catholique, j’ai compris que notre célèbre Marie ne l’était pas. Christine, la guide du jour, a même précisé qu’un grand nombre de visiteurs protestants ne connaissaient par vraiment l’histoire de Marie Durand, ils en avaient seulement parfois entendu parler : « Généralement ils connaissent le nom de Marie Durand,  » prisonnière pendant 38 ans pour sa foi  » , mais pas son histoire dans le détail, son enfance, ses années de captivité, ses lettres, sa libération par le prince de Beauvau, sa façon d’être… ».

 

L’histoire tragique de la famille Durand

 

Marie Durand est née le 15 juillet 1711 et morte en juillet 1776 au Bouschet de Pranles.

Elle est la fille d’Étienne Durand, greffier consulaire, et de Claudine Gamonet dont la famille a dû adopter la religion catholique, mais Claudine a conservé sa foi réformée et leurs enfants ont reçu une éducation religieuse protestante. Le frère de Marie, Pierre Durand (1700-1732), était « pasteur au désert », après des études de théologie à Genève.

 

En 1719, Claudine Gamonet, partie assister à une assemblée, n’en reviendra jamais.

Dix ans plus tard, l’intendant de Bernage, ne parvenant pas à saisir Pierre Durand, arrête le père. Ce dernier sera emprisonné au fort de Brescou ainsi que l’époux de Marie, Mathieu Serre, que Marie a épousé pour ne pas se retrouver seule à gérer la maison. Mathieu Serre n’en sortira qu’en 1750. L’histoire ne dit pas où il termine ses jours. On sait cependant que ce n’est pas avec Marie qui termine sa vie seule.

Pierre Durand est emprisonné à son tour. Âgé de trente ans, il sera pendu le 22 avril 1732 sur l’esplanade de Montpellier.

 

Marie est arrêtée en 1730 après avoir reçu une assemblée interdite dans sa maison. Elle a 19 ans. Elle est emprisonnée à la tour de Constance à Aigues-Mortes dans le Gard, de 1730 à 1768. À sa libération, elle retourne au Bouschet de Pranles. Prématurément vieillie par sa captivité, elle meurt à l’âge de 65 ans.

 

La visite du musée

 

Après avoir visionné un film d’une dizaine de minutes retraçant l’histoire de la famille Durand, les visiteurs poursuivent la visite dans la cuisine historique. Christine attire notre attention vers l’immense cheminée où une trappe à même le sol a été aménagée afin de permettre aux prédicants de se cacher dans la cave lorsque les dragons du roi débarquaient à l’improviste.

 

 

La cheminée dans la cuisine © Élisabeth Renaud

Love soy Diev (Loué soit Dieu) 1696 E D – Inscription d’Étienne Durand au-dessus de la cheminée © Sylvie Le Clech

À gauche une Bible d'époque et à droite, la Bible de Claudine Gamonet © Élisabeth Renaud

Dans une salle attenante, le bureau certainement, un moulage du graffiti « REGISTER » est exposé et l’on apprend qu’il n’a très certainement pas été gravé par Marie en raison du « g ». Ce mot a été gravé sur la margelle du puits de la salle des prisonnières de la tour de Constance, il est le symbole de la résistance des prisonnières pour leur foi.

Moulage du mot  » Résister  » © Pierre Oddon

 

« Le mot REGISTER signifie RESISTER en patois du Vivarais, explique Christine. Il est donc peu probable que ce soit Marie Durand qui ait gravé ce mot avec cette orthographe car sur ses lettres, elle s’exprime dans un bon français et aurait donc probablement gravé RESISTER ».

 

Le musée retrace également l’histoire du protestantisme en France et dans le Vivarais où les idées de la Réforme se diffusent dès le début du XVIe siècle. Deux salles y sont consacrées.

 

La visite se termine par là où elle a commencé, c’est-à-dire l’accueil du musée où des livres sur diverses thématiques, des confitures de châtaignes de la propriété, des cartes postales et bien sûr, des croix huguenotes sont proposés à la vente.

 

Une visite à ne pas rater si vous passez près de Privas.

 

 

 Site du musée

 

 Adresse : musée du Vivarais protestant, 555 chemin du Bouschet, Le Bouschet de Pranles, 07000 Pranles.

 

 Contact : 04 75 64 22 74 – 06 59 79 62 19  

 

 Heures d’ouvertures :

– Du 1er mai au 30 juin : samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h.

– Du 1er juillet et 31 août : tous les jours de 10h à 18h, le dimanche de 14h à 18h.

– Du 1er au 30 septembre : tous les jours de 14h à 18h, sauf le lundi.

Dernière visite à 17h. Le musée est toujours fermé le dimanche matin.

Pour les groupes : prendre rendez-vous.

En dehors des horaires d’ouverture, le musée peut être ouvert exceptionnellement pour les groupes sur rendez-vous (inscription obligatoire).

 

 Tarif :

Adultes : 5 €, enfants (de 5 à 12 ans) : 2 €, groupes : 4 € (à partir de 10 personnes). Le musée ne prend pas le paiement par carte bancaire.

Les salles sont sonorisées en quatre langues : anglais, allemand, néerlandais et français.

 

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