La Touraine – Itinéraire 1

Si la Touraine n’a jamais été une province très protestante, on peut toutefois, en s’y promenant avec un peu d’attention, y déceler des souvenirs qui témoignent d’une présence presque continue du protestantisme depuis le XVIe siècle. Ce premier parcours est consacré à Tours et toute la partie allant du nord-ouest à l’est, un deuxième parcours nous fera parcourir la Touraine du sud-est à l’ouest de Tours.

 

Par Idelette Ardouin

 

Tours (1)

Le temple actuel © ManuD

 

Le temple actuel

Situé, 32 rue de la Préfecture, le temple actuel est la chapelle de l’ancien couvent des sœurs de l’Union chrétienne. Ce couvent avait été créé en 1678 pour y enfermer les fillettes protestantes qu’on arrachait à leurs familles afin de les instruire de force dans la religion catholique. Le fondateur de ce couvent, le père Joseph Sain, est enterré au pied du premier piler de la travée est.

 

Le Grand théâtre

Sur la façade ouest du Grand théâtre, on peut voir le portail de l’ancienne église des Cordeliers. Les protestants de Tours s’étaient emparés de cette église et s’en servirent comme lieu de culte d’octobre 1561 à janvier 1562.

 

La maison du Pont-Volant

La cave de la maison située 52 rue du Pont-Volant (St-Symphorien) aurait servi de lieu de réunion clandestin aux protestants.

 

La tour Feu-Hugon

Vers 876, sous Hugues 1er comte de Touraine, près de l’actuelle rue Port-Feu-Hugon, fut construite la tour Feu-Hugon. Avec le temps, cette tour, rectangulaire et spacieuse, devint, dans la croyance populaire, le lieu de séjour d’un « rabast » (esprit) du nom du roi Hugon, qui y menait grand bruit, et dont on menaçait les enfants, en prêtant au rabast des liens avec le diable. Les premiers protestants de Tours se seraient réunis dans cette tour ou à proximité, pour y chanter les Psaumes, et c’est de là que viendrait le nom de huguenot qu’on leur a donné par dérision. Dès la fin du XVIe siècle, Agrippa d’Aubigné, Pierre de la Place et Estienne Pasquier s’en font l’écho à plusieurs reprises avec des arguments difficilement contestables.

 

Le Prieuré de St-Côme

Ronsard (1524-1585) y fut prieur. Ennemi de la Réforme, il répond « aux injures et calomnies de je ne sçay quels prédicans et ministres de Genève » en un très long poème où se trouvent ces vers sur « l’Église première en Jésus-Christ fondée » :

« Si tôt qu’elle eut rangé les villes et les Rois,

Pour maintenir le peuple elle ordonna des lois.

Et afin de coller les provinces unies

Comme ciment bien fort, fit des cérémonies

Sans lesquelles longtemps en toute région

Ne se pourrait garder nulle religion. »

 

Nord-Ouest de Tours

 

Savigné-sur-Lathan (2)

Le château de Beaulieu, propriété de Maurice de la Primaudaye, où l’Église réformée de Château-du-Loir se replia à partir de 1667, fut occupé en 1685 par les dragons du régiment de Grammont. La ferme de la Ripaudière, propriété de la famille de la Primaudaye, fut la résidence des pasteurs de Château-du-Loir à la fin du XVII e siècle.

 

Channay-sur-Lathan (3)

Le château de la Barrée qui date du XVIe siècle, appartint aux XVIe et XVIIe siècles à une importante famille protestante, la famille de La Primaudaye. Pierre de La Primaudaye (vers 1545-1619) jouit en son temps d’une grande réputation comme écrivain. Le culte fut célébré dans ce château par le pasteur de Château-du-Loir.

 

Château-la-Vallière (4)

Le mail (allée bordée d’arbres) de cette commune se trouve sur l’emplacement de l’ancien cimetière catholique. Non loin se trouvait le cimetière protestant qui fut vendu en 1728 à René Cuisnier, procureur. Il comprenait alors vingt chaînées de terre en friche abandonnée depuis plus de trente ans.

 

St-Christophe-sur-Le-Nais (5)

Une église réformée existait dans ce village au XVIe siècle : le 15 septembre 1561, les protestants de St-Christophe écrivirent aux seigneurs et princes de Berne pour leur demander un pasteur.

 

Château de Beaumont-la-Ronce © Daniel Jolivet – Commons Wikipedia

Nord de Tours

 

Beaumont-la-Ronce (nouveau nom : Beaumont-Louestault) (6)

Des mariages de protestants de Tours ont été célébrés au château de Beaumont-la-Ronce vers 1630, quand il n’y avait plus de temple à Tours.

Par Daniel Jolivet 

Le Sentier (7)

À la fin du XIXe siècle, les habitants de ce village se convertirent en bloc au protestantisme et édifièrent un petit temple qui existe toujours aujourd’hui. Mais la communauté, elle, a disparu.

 

Chenusson (commune de St-Laurent-en-Gâtines) (8)

C’est dans ce village qu’en 1842, le maire, entouré de gendarmes et de gardes mobiles, et agissant sur ordre du préfet, interdit au pasteur de Tours de célébrer le culte demandé par les habitants. Autorisé plus tard sur intervention du Ministre des Cultes, le pasteur pourra y exercer son ministère. Le culte avait lieu au moulin de Chenusson.

 

Nouzilly (9)

En 1843, le jour de l’enterrement d’une femme protestante prévu pour midi, trois gendarmes envoyés par ordre du préfet, sur demande du maire, « pour maintenir l’ordre », font enlever le corps à 10 heures pour le conduire à l’église puis au cimetière où, en l’absence de la famille, le curé célèbra le service selon le rite romain.

 

Le château d’Amboise © Turb – Commons Wikimedia.

Est de Tours

 

Chargé (10)

En 1889, le pasteur de Tours demandé pour un enterrement protestant trouve au cimetière une fosse creusée dans des épines loin des autres tombes. Il convoque le maire et reste dans le cimetière jusqu’à ce qu’une autre fosse soit creusée à la suite des autres tombes existantes.

 

Amboise (11)

À Amboise et dans ses environs, se déroula en 1560 la Conjuration d’Amboise. La façade nord du château comporte un balcon bordé d’une balustrade en fer forgé. Selon la tradition, les cadavres des conjurés huguenots ont été pendus à cette grille après leur exécution. On peut lire dans les Commentaires d’Agrippa d’Aubigné que les condamnés « furent… sur le champ exécutés par diverses manières de mort, les uns décapités, et les autres pendus aus fenestres du chasteau d’Amboise ».

 

La-Ville-aux-Dames (12)

Après Luynes et La Riche, les réformés de Tours eurent l’autorisation de construire un troisième temple à la Ville-aux-Dames, au lieu-dit « La Butte ». Ce temple, inauguré en 1631, fut détruit en 1685 à la Révocation de l’Édit de Nantes.

 

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