Par France Halunka-Martinez, Église réformée de Bourges-Vierzon……;;;;;;;;;………………
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Pour le pasteur ou les conseillers presbytéraux, l’entretien des locaux, la trésorerie, les contacts avec les personnes officielles et la vie de l’Église ont toujours existé. Mais il y avait un point au XIXe siècle dont nous ne nous occupons plus à présent : la gestion de la vie familiale des paroissiens.
Des fidèles au comportement litigieux
En 1825, des personnes déposent plainte auprès du Conseil presbytéral qui donne aux deux fidèles incriminés le temps de la réflexion pour leurs actes, sinon ils seront dénoncés trois dimanches consécutifs. S’ils n’écoutent pas l’Église, ils seront déclarés indignes de porter le nom de disciples de Jésus Christ, de s’approcher de la table de communion, de présenter des enfants au baptême en qualité de parrain et s’ils meurent sans repentance, leurs corps seront inhumés sans les secours de la religion…
Autres exemples : un fidèle raconte des ragots sur une autre personne du Consistoire. Le Conseil presbytéral demande alors au fidèle de prouver ses dires. Si cela est impossible, le Conseil lui fera des remarques sur sa conduite et l’aidera… Une autre personne dépose pierres et bois sur la place du temple (place du 14 juillet à Asnières-lès-Bourges). Malgré les avertissements, on voit le monsieur tous les jours dans la maison d’une personne avec laquelle il a entretenu un commerce criminel. Cela expose l’Évangile aux railleries des incrédules. Ce pécheur est obstiné et le pasteur avec le Conseiller le plus ancien doivent lui parler d’une probable ex-communion.
Et des problèmes familiaux
En 1840, un monsieur de 86 ans se plaint de ne pas être soutenu par l’un de ses enfants, alors que celui-ci a une partie de ses biens. Une commission a été nommée pour engager ce monsieur à ne pas négliger ses devoirs envers son beau-père. Si celui-ci refuse de suivre les consignes, le Conseil le contraindrait par la voie de la justice.
De 1891 à 1907 des enfants ont été envoyés à l’orphelinat protestant d’Orléans. Le Conseil veille toujours à payer les pensions, quitte à faire une quête. Citons les cas de Monsieur F. et de la famille C.
Monsieur F., père de famille peintre en voiture, a des problèmes de travail et d’argent. Veuf, avec trois enfants dont encore un en nourrice, il ne peut prendre une bonne pour s’en occuper lorsqu’il travaille. Il est donc contraint d’abandonner sa fille. Le Conseil accepte de servir d’intermédiaire avec l’orphelinat. Monsieur F. paye la pension et l’enfant pourra retrouver son père dès qu’il (ou le Conseil) ne pourra plus la payer.
Quant à la famille C (1907-dernier cas recensé), le père est atteint d’aliénation mentale (enfermé à l’asile), la mère reste dans une profonde indigence avec ses trois enfants, car mal voyante, elle ne peut les élever. Elle travaille comme lingère, et paye la pension de sa belle-mère. Le système de retraite n’existe pas encore. Les démarches sont faites pour les envoyer à l’assistance publique mais problème : le préfet et l’inspecteur ne peuvent mettre ces enfants dans des familles protestantes, et ceux-ci pourraient être rebaptisés catholiques. La préfecture s’oppose à verser des secours aux enfants logeant dans des orphelinats. Le Conseil presbytéral a dû faire appel à la charité protestante en faisant une demande d’aide aux orphelinats. Le conseil s’engage à prendre sous sa protection ces enfants. Une collecte a été faite en ce sens fin 1907, 200 francs ont été récoltés pour leurs trousseaux, les frères sont restés ensemble mais la fille est restée avec sa mère.