Les Coligny et le protestantisme du XVIe au XVIIe siècle

C’est grâce à la découverte à la Bibliothèque nationale de France du récit de conversion de Gaspard IV de Coligny publié en 1643 que de nouvelles pistes de recherches se sont ouvertes à Nicolas Breton, agrégé et docteur en histoire moderne.

Engagements, identités et ambitions*

Nicolas Breton @ MPP

Par Aude Baranger, animatrice de l’association Maison du protestantisme poitevin

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Comment 71 ans après l’exécution de l’amiral Gaspard II de Coligny, chef du parti huguenot, Gaspard IV de Coligny ait décidé de quitter la foi protestante ? Mais aussi comment expliquer que ce dernier soit inhumé dans la nécropole royale de Saint-Denis en 1649, tandis que son arrière-grand-père avait quant à lui été exécuté dans les premières heures de la nuit de la Saint-Barthélemy en 1572 avant même d’être condamné comme criminel de lèse-majesté ? Cet extraordinaire renversement de situation et toutes les interrogations qui en découlent semblent ne pouvoir s’expliquer que par l’étude de leurs engagements politiques et religieux ce qui leurs ouvrent rapidement les portes du Conseil du roi.

 

Une rupture fondamentale

 

C’est l’avènement de François Ier qui sera particulièrement profitable à Gaspard Ier de Coligny qui sera très tôt nommé maréchal de France. Mais lorsqu’il meurt en 1522, il n’a pas encore eu le temps de pérenniser sa situation et ses quatre garçons sont tous encore mineurs. Placés sous la tutelle de leur oncle Anne de Montmorency, bientôt Grand-Maître puis connétable de France, Odet, Gaspard et François de Coligny atteignent très rapidement le sommet du pouvoir. Au crépuscule de la décennie 1550, Odet de Châtillon est cardinal de l’Église romaine et conseiller du roi ; Gaspard de Coligny, lui aussi conseiller du roi, est, entre autres, amiral de France, quand François d’Andelot est quant à lui colonel-général de l’infanterie française. Cette position avantageuse, tous les trois décident néanmoins de la compromettre en se convertissant au protestantisme. Ces engagements religieux retentissants affectent considérablement leurs relations avec le pouvoir royal qui, au fil des ans, ne cessera de se dégrader. Aussi la Saint-Barthélemy, décision royale assumée de mettre à mort les chefs huguenots présents à Paris pour le mariage de leur chef Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, constitue donc une rupture fondamentale entre les Huguenots et le roi, et plus particulièrement entre le roi et les Coligny.

 

Une recherche d’estime

 

En trois générations seulement, les Coligny parviennent pourtant à recouvrer l’honneur, le prestige, l’autorité, la fortune et l’estime de la monarchie dont la nuit de la Saint-Barthélemy les avait si spectaculairement privés. Cette recherche de l’estime de la monarchie française aboutit finalement à un repositionnement complet de la maison de Coligny en 1621-1622. À cette date, Gaspard III de Châtillon (fils aîné de François de Châtillon) décide de quitter les rangs de l’armée huguenote pour se rallier définitivement au pouvoir royal, bien aidé il est vrai par son exclusion de tout commandement militaire prononcé par une assemblée réunie par son rival, le duc de Rohan. Les Coligny renouent alors progressivement avec la Couronne. C’est cette fidélité presque exclusive qui les (re)conduit peu à peu jusqu’au sommet de la faveur et qui s’achève par l’inhumation de la dépouille de Gaspard IV de Coligny, arrière-petit-fils de l’amiral, dans la nécropole royale de Saint-Denis en février 1649.

 

 

* D’après une conférence donnée par Nicolas Breton, agrégé et docteur en histoire moderne et chercheur associé au laboratoire TEMOS-UMR9016 (Université du Mans), lors d’une conférence donnée mi-novembre au centre Jean Rivierre à La Couarde (79).

 

 L’association Maison du protestantisme poitevin gère le musée du Poitou protestant à Beaussais et le Centre Jean Rivierre à La Couarde.

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