L’histoire du temple de Nantes

Les premiers cultes protestants au XIXe siècle se déroulaient dans les manufactures textiles des Suisses Pelloutier ou Petitpierre, sur l’actuelle île de Nantes dans les quartiers de Biesse, puis dans l’ancienne chapelle des Carmélites non loin du château des ducs de Bretagne.

L’actuel temple de Nantes, place Édouard Normand © Élisabeth Renaud

 

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Par Charles Nicol, Église protestante unie de Loire-Atlantique

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En 1851, le consistoire fait connaître son intention de construire un nouveau temple. Cependant le conseil municipal qui comptait en son sein des catholiques et royalistes légitimistes souhaita que le nouveau lieu de culte puisse éviter la proximité d’une église catholique !

 

De la place de l’édit de Nantes

 

Le lieu choisi, à l’emplacement de l’actuelle place de l’édit de Nantes, anciennement place de Gigant, fut adopté par le conseil qui vota une subvention de 25 000 francs malgré une opposition farouche qui considérait que l’affichage du protestantisme était choquant à l’égard des catholiques à Nantes 1.

Le temple est enfin livré en 1855. Conçu par Henri-Théodore Driollet architecte en chef de la ville de Nantes, le bâtiment de style néo-roman entouré de deux tours carrées, avec un vestibule à l’entrée et une vaste salle octogonale sous une verrière en pavillon, est inauguré en présence du maire protestant de la ville, Ferdinand Favre, et du haut fonctionnaire Charles Read. Ce dernier, chef du service des cultes non catholiques au ministère de l’instruction publique et des cultes, lui-même protestant, membre fondateur de la Société de l’histoire du protestantisme français dont il fut président d’honneur, avait accordé une subvention exceptionnelle de 38 000 F. Ce bâtiment à l’allure de cathédrale fut malheureusement entièrement détruit lors des terribles bombardements du 23 septembre 1943. Les mesures d’alignement prévues rue de Gigant empêchèrent sa reconstruction au même endroit.

 

À la place Édouard Normand

 

Le vitrail du temple © Christian Barthélemy

Des baraquements remplacent alors temporairement le temple, place Édouard Normand, sur le site de l’ancien théâtre de la Renaissance, détruit par un incendie en 1912. À partir de 1951, le pasteur Louis Matiffa porte le projet de reconstruction, épaulé par l’architecte protestante Victoire Durand-Gasselin. Celle-ci réussit, malgré un budget limité, à construire entre 1956 et 1958 un édifice monumental doté d’un balcon dominant un volume spacieux pouvant accueillir près de 400 fidèles. Seule la grille intérieure, la plaque commémorative du 300e anniversaire de l’édit de Nantes, un cartouche évoquant l’évangile selon Jean et la table mémorielle de la guerre 14-18 sont récupérés de l’ancien édifice pour être apposés dans le nouveau. En 1978, le temple s’enrichit d’un vitrail non figuratif, maquetté à l’échelle 1 par le maître-verrier Yves Dehais et inspiré d’une esquisse de l’artiste protestant nantais Guy David. L’ensemble est composé de quinze dalles de verres de 1m² chacune, assemblées par le verrier Paul Nicol pour former un ensemble multicolore sur la façade nord du temple. C’est à l’occasion de ces travaux que la plaque mémorielle des paroissiens morts au front fut démontée et disparut pendant près d’un demi-siècle.

 

 


 

1 « Un temple ou église sont des lieux de recueillement consacrés au silence et à la prière et, pour cette dernière destination, l’emplacement proposé par le consistoire semble bien choisi », procès-verbal du conseil municipal du 19 novembre 1851, Archives municipales de Nantes, 1D 45. Pour aller plus loin, Bienvenu Gilles, De l’architecte Voyer à l’ingénieur en chef des services techniques : Les services d’architecture et d’urbanisme de la ville de Nantes du XVIIIe siècle au XXe siècle, thèse d’histoire de l’art, université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2013, p. 872.

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