Sur la route des châteaux en Bretagne

Au XVIe siècle, la foi protestante se répand dans toute l'Europe et la Bretagne est touchée par ce mouvement. Les conversions touchent surtout la noblesse ou la bourgeoisie urbaine car les prédicateurs ne parlant pas breton et ne pouvaient s'adresser aux autres populations.

Après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, la majorité des protestants préfère fuir. Il faudra attendre le XIXe siècle, avec notamment des missionnaires gallois, pour voir à nouveau émerger un protestantisme breton.
C’est donc deux circuits sur les terres de ces protestants de la première période que nous vous proposons (les lieux cités se visitent). Si vous avez du temps, vous pouvez combiner les deux circuits.

Circuit 1 : La route des châteaux au passé huguenot
en Loire-Atlantique et Bretagne sud

Le château de Blain (1)

Vous commencez l’itinéraire par Blain (une des plus grandes forteresses médiévales françaises avec logis Renaissance). Blain est le berceau et tombeau des Rohan protestants. Les Rohan ont mis leur influence au service du protestantisme. On se souviendra d’Isabeau de Navarre, sœur de Henri de Navarre et vicomtesse de Rohan, qui fut convertie par François d’Andelot de Coligny. Un prêche public fut fondé à Blain en 1558, ainsi que de Catherine de Parthenay, vicomtesse de Rohan (1554-1631). Elle fit de son château de Blain un important centre de protestantisme et conforta les Églises de Josselin et Pontivy. À 75 ans, elle galvanisa les protestants de La Rochelle, assiégés par Richelieu.

Le château des ducs de Bretagne © Jibi44-CC BY-SA 3.0-Commons Wikimedia

Le château des ducs de Bretagne (2)

Puis vous irez à Nantes visiter le château des ducs de Bretagne où a été signé l’Édit du même nom. Profitez-en, en été, pour suivre l’exposition « le voyage à Nantes » à travers la ville et découvrir cette cité magnifique.

Le château de Careil (3)

Continuez vers Guérande, une cité de caractère qui eut autrefois une Église. Ne manquez pas de visiter le château de Careil. Selon Crevain (XVIIe), c’est « un petit chasteau » où s’est toujours déroulé l’exercice protestant. Le propriétaire actuel, conscient du passé protestant du château, a reconstitué une « chambre du pasteur », qui fait partie de la visite, à ne pas manquer !

Le manoir de Kervaudu © Selbymay-CC BY-SA 3.0-Commons Wikimedia

Le maroir de Kervaudu (4)

À douze kilomètres de là, profitez de la mer au Croisic. Vous pouvez voir la façade du manoir de Kervaudu où des cultes y furent célébrés.

La chapelle Saint-Michel (5)

Remontez ensuite vers La Roche-Bernard, une jolie cité de caractère appartenant autrefois à d’Andelot de Coligny, disciple de Calvin. Il y subsiste encore la chapelle Saint-Michel, devenue temple au XVIe siècle (ré-ouvert aujourd’hui occasionnellement au culte réformé). Un Synode eu lieu à La Roche-Bernard en 1564.

 

Le château de Bretesche (6)

À 20 km de là vers l’est, le château de la Bretesche, sur la commune de Missilac, est un bâtiment médiéval construit au XIVe siècle, reconstruit au XIXe siècle. C’est dans ce château qu’eut lieu le premier prêche protestant de Haute Bretagne.

Le château de Rohan © WikimediaImages de Pixabay

Le château de Rohan (7)

Si vous avez le temps, poussez jusqu’à Pontivy, terre des Rohan, avec la visite de la chapelle du château, qui a été un lieu d’exercice réformé. La chapelle a été rendue au culte catholique en 1686 peu après la mort de Marguerite, duchesse de Rohan, qui suite à son mariage avec Henri de Chabot, a dû élever ses enfants dans la foi catholique. La chapelle a été remise à la disposition du culte protestant en 1972 et des cultes y ont lieu de temps à autre aujourd’hui.

 

 

Circuit 2 : Les lieux au passé protestant en Ille-et-Vilaine

Le château de Vitré © janeb13 de Pixabay

Le château de Vitré (1)

Commencez par Vitré, la capitale protestante de la Bretagne, cité des Coligny avec son château-temple et un remarquable ensemble urbain médiéval. Au XVIe siècle, 10% des habitants étaient protestants. C’était une cité bourgeoise où beaucoup de familles savaient lire et ont pu découvrir la Bible par elles-mêmes. C’est encore d’Andelot qui y vint en 1558 avec un ministre de Genève. Avec la conversion au protestantisme de Renée de Rieux, sa belle-sœur, la suzeraine de Vitré et comtesse de Laval, les protestants persécutés pouvaient trouver refuge au château, ce qui a attiré dans la ville ceux qui avaient besoin de sécurité.

La tour Quic-en-Groigne du château de St-Malo © Pline – CC BY-SA 3.0 – Commons Wikimedia

Le château de Saint-Malo (2)

Puis longez la côte magnifique jusqu’à Saint-Malo, où dès 1560 des habitants soupçonnés de calvinisme sont chassés à cause du risque de collusion avec les ennemis anglais. Lors de la révocation de l’Édit de Nantes, Saint-Malo devint un port de départ pour le « refuge ». Pour les Bretons bien sûr, mais surtout pour des protestants du Poitou et des Pays de Loire. La tour du château a fait office de prison pour les fugitifs vers les îles qui se faisaient prendre (1682-1720). Allez visiter la Tour Solidor qui elle aussi servit de prison pour des protestants.
Si vous avez le temps, embarquez pour une excursion d’une journée à Jersey, île importante « sur la route du Refuge » vers l’Angleterre à partir de Saint-Malo. Et pourquoi pas rencontrer des membres de la « Huguenot Society» de Saint-Hélier ?

L’ancien temple à Plouër-sur-Rance (3)

Faites un détour par Plouër-sur-Rance où Anne de Montbourcher et François d’Acigné y introduisirent le protestantisme. On y voit une plaque, rue du Temple, indiquant l’emplacement de l’ancien temple qui fut détruit en 1664 sur ordre du roi.

Le château de Combourg © Calips-CC BY-SA 3.0-Commons Wikimedia

Le château de Combourg (4)

Vous terminerez par le château de Combourg en Ille-et-Vilaine. Bien avant d’être la demeure du grand écrivain Chateaubriand, il fut un château protestant à partir de 1561. Dans les grandes salles, on chantait les psaumes. Dans une des chambres, la jeune châtelaine, Anne de Montbourcher, lisait la Bible aux côtés de son époux, François d’Acigné, qui introduisit le protestantisme à Combourg.
C’est sur le perron de ce château que Charles Gouyon de La Moussaye eu le coup de foudre pour Claude du Chastel.

Françoise Giffard, sur une proposition de Jean-Yves Carluer

 

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