Sur les pas de Calvin à Bourges*

Le passage de Jean Calvin, venu étudier à l’université de 1529 à 1531, a laissé une forte empreinte dans la cité berruyère. L’université était, à cette époque, un foyer de débats et de diffusion des idées nouvelles. Aujourd’hui, le bâtiment n’existe plus mais l’on sait qu’il se situait au pied de la cathédrale.

Par Élisabeth Renaud

 

Dès le début du XVIe siècle, Bourges, cité universitaire, était un centre d’effervescence et de rayonnement des idées réformatrices. Dans la lignée de l’Humanisme, ces idées nouvelles se diffusaient d’autant plus librement qu’elles étaient en grande partie adoptées par Marguerite d’Angoulême, future reine de Navarre et duchesse de Berry depuis 1517.

 

Des cultes à la cathédrale !

 

L’imposante et somptueuse cathédrale Saint-Étienne de Bourges participa à cette diffusion. En 1523, Marguerite de Navarre, encouragea son aumônier personnel, Michel d’Arande, moine augustin, à prêcher l’Avent et le Carême à la cathédrale. Plus tard, sous la conduite de Paul Spifame, ancien évêque de Nevers passé au protestantisme, le culte fut même célébré à la cathédrale, que les protestants avaient temporairement investie et appelée « Temple Saint-Étienne » ! Sur le quintuple portail de la cathédrale, les statues sans tête rappellent les destructions perpétrées en 1562 par les troupes de Montgomery et de Jean sieur d’Ivoy, tous deux protestants.

Non loin de là, la grosse Tour, actuellement détruite mais dont on distingue encore l’emplacement sur le sol devant l’hôtel de ville, fut le témoin de la mort d’un moine bénédictin, Jean Michel, accusé de luthéranisme en 1536.

La cathédrale de Bourges © Élisabeth Renaud
La cathédrale de Bourges © Élisabeth Renaud

Le portail ouest de la cathédrale St-Étienne
© Élisabeth Renaud

 

Un médaillon à l’effigie de Calvin

 

Dans l’hôtel des Échevins, des notables protestants se sont succédé à l’échevinage de 1526 à 1562. Leur métier de commerçants les conduisait à des déplacements, et a favorisé la découverte des idées nouvelles. Aujourd’hui cet hôtel est un musée qui accueille les œuvres de Maurice Estève, peintre local.

Sur une petite place (place Gordaine), se trouve une grosse pierre sur laquelle montaient les crieurs publics. Appelée Pierre de la Criée, elle porte également le nom de Pierre de Calvin même si on peut douter que Calvin eut l’occasion d’y grimper pour prêcher.

La pierre de Calvin © Annick Joigny

 

Dans la rue Calvin, les manifestations autour du 500e anniversaire de la naissance de Calvin en 2009 ont donné lieu à la pose par la municipalité d’un médaillon représentant le Réformateur contre la façade d’un couvent, le couvent des Augustins. Calvin eut l’occasion de donner des cours de rhétorique du haut d’une chaire qui porte son nom dans la salle Calvin. Longtemps utilisée pour des manifestations, cette salle est aujourd’hui fermée au public en raison de sa vétusté.

À proximité de ce couvent, se situe une maison dans laquelle aurait logé Calvin (actuellement un magasin de vêtements).

Médaillon de Jean Calvin, rue Calvin
© Philippe Malidor
La chaire de Calvin, salle Calvin
© Élisabeth Renaud

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La célébration de la Cène à l’école publique

 

L’hôtel Cujas est un hôtel particulier où vécut Jacques Cujas, grand juriste appelé à Bourges par Marguerite d’Angoulême pour devenir professeur de droit à l’Université. Jacques Cujas était partisan de la Réforme mais ne fut autorisé à exercer le professorat qu’à la condition de taire son appartenance au protestantisme. Aujourd’hui cet hôtel est un musée consacré à l’histoire, l’archéologie et aux Beaux-Arts.

Le jardin des Prés Fichaux de style Art déco, était autrefois un marécage et un point de rendez-vous des Réformés. En 1559, le culte protestant devint public. Le culte était célébré chez les particuliers ou dans des édifices de grande taille. On alla même jusqu’à célébrer la sainte-cène « en plein minuit dans les grandes écoles publiques » parce qu’aucune maison n’était assez grande.

 

L’hôtel Cujas © Annick Joigny


Le jardin des Près Fichaux © Annick Joigny

 

Cette promenade ne peut se terminer sans évoquer le temple. Construit en 1831, il est en retrait des façades de la rue, comme cela était imposé à cette époque où les protestants n’étaient que tolérés. Sur le fronton triangulaire de sa façade figure une Bible ouverte, illustrant la place prépondérante de la lecture de la Bible dans la piété protestante.

 

Fronton du temple © Annick Joigny

 

Et ne ratez pas également le palais Jacques-Cœur, magnifique demeure de Jacques Cœur, intendant de Charles VII, ainsi que l’hôtel Lallemant, musée d’art décoratif, construit à partir de 1497 pour les frères Lallemant officiers de finance et amateurs d’art éclairés.


 

* D’après la brochure « Petite promenade protestante dans Bourges », éditée par l’Église réformée de Bourges-Vierzon. Le dépliant est disponible à l’office de tourisme de Bourges. Vous pouvez également le télécharger.

Une exposition « Sur les pas de Calvin à Bourges » a également été réalisée pour l’anniversaire des 500 ans de Calvin.

Une petite vidéo de Lorànt Deutsch à regarder pour découvrir un autre aspect de l’histoire de Bourges.

 

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