Les projets missionnaires dans la région Ouest

Plusieurs projets missionnaires ont vu le jour ces dernières années dans notre région. Nous faisons le point avec Jean-Luc Cremer, président de la région Ouest de l’Église protestante unie de France.

Les pasteurs à la pastorale missionnaire mi-octobre avec, de gauche à droite, Matt Riley (Pontivy), Éric Perrier (Saint-Nazaire), Volafeno Anna Mangel (Quimper), Jean-Luc Cremer, Corinne Charriau (Vannes), Caroline Schrumpf (Laval) © Claudie de Turckheim

 

Propos recueillis par Élisabeth Renaud, rédactrice en chef du Protestant de l’Ouest

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Quelles sont les créations récentes ?

 

À Orléans, la pasteure Agnès Lefranc quitte son poste de pasteure de desserte de paroisse qu’elle occupait depuis juillet 2015 pour aller sur un poste missionnaire à partir de novembre prochain. Cette décision fait partie du projet d’Église de la communauté pour les dix ans qui viennent. Il faut savoir que depuis trois-quatre ans, le temple d’Orléans ouvre déjà ses portes et accueille des personnes qui ne sont pas forcément protestantes. Mais la communauté a souhaité aller encore plus loin en ouvrant davantage le temple avec des animations culturelles pour toucher des personnes qui ne viennent pas spontanément au culte. Pour ce projet ambitieux nécessitant un second pasteur, l’Église a obtenu la création d’un second poste pastoral et un financement par la fondation Flam pour trois ans. Le poste de desserte de l’Église d’Orléans est vacant en 2023-2024.

 

Dans le sud Finistère, Volafeno Anna Mangel, pasteure proposante, est arrivée début juillet à Quimper pour deux ans sur un poste d’évangélisation à mi-temps. Le projet de vie de l’Église locale sur cette dynamique n’en est qu’à ses débuts.

 

D’autres postes missionnaires existent dans la région, où se situent-ils ?

 

À Laval, un mi-temps missionnaire a été créé en juillet 2021. Il est occupé par la pasteure Caroline Schrumpf qui a fait un travail remarquable en essayant d’amener l’Église à parler d’évangélisation. La question est de passer de « être des témoins de l’Évangile » à « être des disciples du Christ ». Aujourd’hui les paroissiens commencent un peu à s’inviter entre eux, déjeunent ensemble, apprennent à prier ensemble. Ce mi-temps missionnaire ne sera plus financé par la fondation Flam à partir du 1er juillet 2024. C’est la région qui le prendra en charge, Caroline poursuivant toujours son autre mi-temps sur un poste de desserte pastorale.

 

À Vannes, le Conseil presbytéral a demandé explicitement à sa pasteure, Corinne Charriau, d’avoir un mi-temps évangélisation. Elle ne préside donc pas tous les cultes mais deux sur quatre, les autres cultes étant assurés par des laïcs. Cela lui permet de mettre son temps dans l’évangélisation avec une ouverture du temple tous les samedis après-midi. Il faut savoir que l’Église est passée en deux ans de cinq enfants à l’école biblique à une trentaine. Et lorsqu’il y a un culte autrement, le temple est trop petit alors qu’il est tout neuf ! Cela peut aller jusqu’à 130 personnes. Depuis sept ans, Corinne a fait tout un travail pour former le Conseil presbytéral et l’accompagner afin que chaque membre soit enraciné en Christ.

 

Les postes missionnaires sont-ils toujours rattachés à une Église locale ?

 

Non, nous avons l’exemple de Pontivy avec Matt Riley. Matt est arrivé il y a sept ans dans cette petite ville. Il n’y avait rien. L’équipe de pilotage a convaincu le Conseil régional et l’Union nationale d’acquérir une maison pour y loger la famille Riley et pour disposer de locaux permettant d’accueillir du public. L’espace Kelo Mad a été inauguré en octobre 2017 et l’association Les amis de Kelo Mad a été créée.

 

Aujourd’hui, les locaux commencent à être trop exigus car un grand nombre d’activités y ont lieu avec beaucoup d’enfants. Matt a discerné deux personnes pour être membres de l’association. Ce projet est porté par les Églises de Bretagne, le consistoire de Bretagne et par la mission Alongside Ministries International qui finance le poste de Matt.

Dans les questions que posent tout ce travail missionnaire il y a celle du devenir de ce lieu : doit-il devenir une Église locale ? Autre chose ?

 

NDLR : Pour en savoir plus sur ce projet, nous vous invitions à lire l’article de Matt Riley paru le 31 octobre sur ce site.

 

Une Église peut-elle naître à la suite de ces projets ?

 

Oui, Saint-Nazaire est l’exemple type. Le projet est né en 2008 et aujourd’hui la communauté a grandi. Les membres ont vécu leur assemblée générale constituante début septembre. Le Synode régional va donner son avis mi-novembre et ils vont avoir leur première assemblée générale en février prochain. À Saint-Nazaire, ce projet missionnaire de la paroisse de Loire-Atlantique va donc prendre son envol avec le pasteur Éric Perrier. Ce sera une Église locale à part entière avec un Conseil presbytéral et des membres qui n’étaient ni forcément chrétiens, ni protestants il y a quelques années. Dans le projet de vie de cette nouvelle paroisse, il y aura donc cette attention au plus petit qui est en recherche.

 

Et les Églises locales sans poste missionnaire dédié ont-elles des projets de ce type ?

 

Les projets que je viens de citer sont de gros projets, on en parle beaucoup mais d’autres Églises locales innovent. Par exemple à Cholet, la communauté veut créer un jardin biblique autour du temple ouvert sur la ville pour rassembler les gens. Un tel projet existe aussi à Moncoutant initié par le pasteur Élie Lafont qui en plus fait des travaux dans les salles à côté du temple pour accueillir un public différent (lire l’article sur ce sujet paru en septembre 21).

 

À Saintes, la communauté vient d’entamer des travaux pour rénover une salle attenante au temple afin d’accueillir, dans un cadre agréable, aussi bien des paroissiens que des personnes en recherche ou des jeunes qui attendent le bus devant.

À La Rochelle, il y a tout un projet autour de l’accueil des touristes au temple. Entre juin et septembre dernier, il y a eu 7 000 entrées. Les questions qui se posent : comment accueillir tous ces touristes ? Que leur dit-on ?

Dans presque toutes les Églises locales de la région qui n’ont pas été citées ici, il existe un projet d’ouverture, d’évangélisation afin de porter l’Évangile. Je pourrais citer Lorient, Brest, mais il y en a bien d’autres. Les membres des Églises de notre région ont compris que nous devions partager la Bonne Nouvelle.

 

Peux-tu nous dire quelques mots sur le projet Zacharie ?

 

En 2019, le Conseil régional de la région Ouest a initié un projet d’échanges entre la paroisse anglicane Saint Barnabas Church à Londres et des Églises locales volontaires de notre région (six à ce jour) sous le nom de code Zacharie, car selon ce prophète, Dieu ne méprise pas le jour des petits commencements. Il a fallu attendre février 2022 en raison de la Covid pour que deux premiers groupes puissent se rendre à Londres.

 

En février 2022, les délégations d’Orléans et de Vannes sont allées à Londres. En avril 2022, c’est l’Église de Niort qui s’est déplacée. Puis en février 2023, ce sont quatre Églises qui s’y sont rendues : La Rochelle, Le Mans, Lorient, Rennes, auxquelles s’est ajoutée l’Église de Bergerac, de la région Sud Ouest. Le prochain déplacement, prévu pour la Toussaint 2023, verra le départ de Nantes, accompagnée de Rouen de la région Nord/Normandie.

Le principe est de faire un pas de côté en découvrant les projets innovants de la paroisse Saint Barnabas et de comprendre la dynamique qui les a fait émerger. Ensuite, chaque Église locale pourra s’inspirer de cette dynamique pour vivre de nouvelles actions de témoignages, bien sûr adaptées à son contexte particulier.

Voir les vidéos sur le projet Zacharie

 

Pour terminer, j’ajouterais que dans notre région, nous avons une pastorale missionnaire. Il n’en existe dans aucune autre région de France. La deuxième s’est déroulée mi-octobre.  Ce temps est important pour mes collègues car leurs questions ne sont pas toujours les mêmes que celles des pasteurs de paroisse « classique ».

 

 

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